L’immobilisme français, encore et toujours

Ce qu’il y a de bien avec le président américain Donald Trump, c’est que lorsqu’il fait un peu tout, n’importe quoi et son contraire en l’espace de quelques jours, cela se voit et cela s’entend. Il est donc assez facile pour ses contradicteurs d’horizons variés de dénoncer pêle-mêle l’inanité économique de sa politique douanière, le […]

Mar 17, 2025 - 21:37
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L’immobilisme français, encore et toujours
Ce qu’il y a de bien avec le président américain Donald Trump, c’est que lorsqu’il fait un peu tout, n’importe quoi et son contraire en l’espace de quelques jours, cela se voit et cela s’entend. Il est donc assez facile pour ses contradicteurs d’horizons variés de dénoncer pêle-mêle l’inanité économique de sa politique douanière, le capitalisme de connivence qu’il entretient ouvertement avec ses soutiens politiques, sa propension à transformer des coupes budgétaires fédérales légitimes en revanche idéologique aigrie sur le camp d’en face et l’impérialisme de la menace qu’il répand abondamment à ses frontières.

C’est tellement visible, c’est tellement bruyant, c’est tellement immédiatement destructeur qu’on peut s’attendre à une correction prochaine tout aussi massive (correction qui a du reste commencé à prendre forme sur le dossier ukrainien).

Rien de tel dans notre “doulce” France. Les propos des dirigeants politiques sont toujours lénifiants jusqu’à la flatterie hypocrite et leurs actions ne se conçoivent que sous la forme d’aides financières ou réglementaires déversées sur les pauvres petites personnes désemparées que nous sommes. Chez nous, il n’est jamais question que de “protéger” les citoyens à tous les stades et tous les moments de leur vie. Il n’est jamais question que de promettre que l’État stratège, nounou et providence que le monde entier nous envie (sans jamais l’avoir adopté à ce point)..

Au nom supérieur du bien, du beau et du bon, naturellement. Au nom de l’élimination impitoyable du laid, du méchant et des mauvaises pensées, naturellement. Au nom supérieur de l’égalité et de la fraternité, naturellement.

Au nom supérieur de la liberté et de la prospérité, en revanche, rien n’est moins sûr. D’abord, la part “liberté”, parce que tout ce juste bonheur égalitaire, social et solidaire finit par corseter les individus dans un système où leurs initiatives personnelles s’amoindrissent au profit de décisions formelles venues d’en haut sur ce qu’il est bon de dire, de faire et de penser ; et ensuite, la part “prospérité”, parce que ce bonheur se traduit très concrètement en une cascade d’impôts, de dette publique et de bureaucratie envahissante et tatillonne qui affecte négativement l’innovation, la création et la dynamique économique.

Jour après jour, imperturbablement, la France s’enfonce dans le chômage, les faillites d’entreprise, les déficits de sa protection sociale et la décrépitude de ses services publics les plus emblématiques comme l’Éducation nationale et les hôpitaux, le tout avec la douteuse satisfaction d’être du gentil côté de l’histoire. On pense au catéchisme vert, au catéchisme contre le nucléaire civil (de côté-là, les choses commencent à évoluer), au catéchisme de la discrimination positive et de l’égalité homme-femme en entreprise. Autant de bons sentiments dont les joyeux effets attendus n’ont rien de franchement flagrant, si ce n’est créer encore plus de réglementations micro-managées à respecter, encore plus de taxes à payer et encore plus d’injustices à subir.

Or contrairement à ce qu’il se passe aux États-Unis aujourd’hui, tout cela se fait à bas bruit, sans éclats de voix ni positionnements tonitruants, doucement mais sûrement, depuis plus de cinquante ans. Oh, bien sûr, on entend souvent les oppositions de droite ou de gauche clamer haut et fort leurs désaccords à l’Assemblée nationale ou dans les médias. Mais il s’agit la plupart du temps de s’opposer à de très timides mesures de réduction des dépenses qui n’auront finalement pas d’effet sur l’ensemble du système, ainsi qu’on l’a fort bien vu lors des débats sur le PLF 2025.

On aurait pu penser cependant qu’avec l’effacement du parapluie militaire américain automatique, la brutale mais salutaire prise de conscience qu’il allait dorénavant falloir assumer l’intégralité de notre défense nationale nous pousserait à réviser sérieusement nos priorités et nos fonctionnements en matière de gouvernance et de dépenses étatiques. Eh bien, non. Augmenter le budget de la défense, d’accord, mais surtout sans toucher aux retraites et sans toucher à notre modèle social. Bref, sans toucher à l’inébranlable train-train de la politique française ni à ses petites actions du quotidien mêlant flot continu de dépenses et nominations de complaisance à la tête de comités parfaitement inutiles.

C’est ainsi qu’au moment précis où le trio Trump-Vance-Musk semait la panique dans le monde à force de déclarations outrancières et de revirements aussi autoritaires que brouillons, on apprenait chez nous – exemple parmi beaucoup d’autres – que le ministère de la Culture de Madame Rachida Dati avait jugé bon d’accompagner, autrement dit de financer et de définir au millimètre les adaptations des marchands de presse à l’évolution de leur secteur d’activité. Concrètement, une nouvelle enseigne, “un signe distinctif plus moderne, plus attractif, qui incarne le dynamisme et la diversité des points de vente” (dixit la ministre), sera mise en place sur les façades de toutes les maisons de la presse avec la bénédiction satisfaite du ministère et aux frais des contribuables.

Outre que l’on peine à voir en quoi la nouvelle enseigne, terne et peu lisible, sera plus favorable à la diffusion de la presse que la précédente, rappelons qu’en matière de dépenses publiques, l’abondance inépuisable des petits ruisseaux superflus finit par faire de très très grandes rivières tout autant superflues.

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