Libertés du quotidien: le combat qui manque à la droite française

Sans se révolter, les Français apprenaient récemment de l’Ademe qu’une culotte propre chaque matin était la seule concession à l'équilibre de la planète. Pour tous les autres vêtements, ils sont priés de les porter à plusieurs reprises avant de les passer dans la machine à laver… La droite française, engluée dans la paperasse et ses demi-mesures, devrait troquer ses calculettes pour une dose de populisme libéral façon Trump ou Milei, histoire de redonner aux Français le droit sacré de faire un barbecue sans l’aval de dix agences gouvernementales. L’article Libertés du quotidien: le combat qui manque à la droite française est apparu en premier sur Causeur.

Fév 15, 2025 - 19:26
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Libertés du quotidien: le combat qui manque à la droite française

Sans se révolter, les Français apprenaient récemment de l’Ademe qu’une culotte propre chaque matin était la seule concession à l’équilibre de la planète. Pour tous les autres vêtements, ils sont priés de les porter à plusieurs reprises avant de les passer dans la machine à laver… La droite française, engluée dans la paperasse et ses demi-mesures, devrait troquer ses calculettes pour une dose de populisme libéral façon Trump ou Milei, histoire de redonner aux Français le droit sacré de faire un barbecue sans l’aval de dix agences gouvernementales.


Pour les économistes, la vie économique marche sur deux jambes qu’on peut distinguer : 1) la production de biens portée par les entreprises et commandant le niveau de vie à long terme ; 2) la production d’utilité par les personnes dans leur vie privée. Ils les étudient respectivement dans la théorie de la croissance et la théorie du développement. En effet, le développement peut s’interpréter assez facilement comme une agrégation des utilités individuelles ou des « bonheurs » individuels, ce qui est quasiment un synonyme.

Malgré Fukuyama et sa « fin de l’Histoire», la bataille des systèmes économiques et politiques fait rage, opposant les socialistes, étatistes et progressistes de gauche aux libéraux de droite. Ces derniers doivent prendre à leur charge la défense des libertés sur les deux plans de l’orientation productive et de l’orientation populiste du bonheur.

Milei et Trump montrent la voie

La droite internationale nouvelle, celle de Javier Milei et de Donald Trump, réalise cette double tâche et remplit complètement son contrat intellectuel et moral. On la voit désormais combattre les dépenses publiques exagérées et relancer le secteur économique privé en baissant les impôts des entreprises mais aussi s’attaquer aux multiples pressions (wokisme, écologisme politique…) qui pourrissent la vie des gens au quotidien. Cette double démarche est celle du libertarianisme, mot savant pour désigner la droite véritable remplissant ses deux missions en faveur de la prospérité matérielle et des libertés au jour le jour. Observons en outre qu’ils conçoivent l’action au plan national, espace rêvé pour la liberté individuelle.

Ces perspectives soulèvent des espérances nouvelles. La question que tous les Français se posent est celle de savoir si ces coups de boutoirs libéraux du grand large ont quelque chance d’entraîner leur pays sur une même pente libérale. Leur « droite » est-elle et sera-t-elle à la hauteur de ce mouvement bien exotique ? On peut raisonnablement en douter. Par sa composition politique et sociale, la droite française a eu en effet pour vocation principale de tenir (mal) le front de la liberté des intérêts économiques privés et de leurs investissements tout en mettant en place une série de relais publics nationaux et internationaux qui se sont rapidement gauchis. Mais surtout, elle passe et passera sans doute complètement à côté du populisme libéral de la vie courante. Elle l’a toujours fait, à l’exception des « Patriotes », pour les gilets Jaunes et pendant le Covid, ainsi que « Reconquête ! » depuis. Comme par hasard, ce sont les grands amis de Donald Trump !

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En théorie économique, la production d’utilité-bonheur et son élaboration par les personnes privées elles-mêmes, selon le principe Beckerien élargi, implique plusieurs facteurs :

  • les flux de revenus rémunérant les éléments de capital possédés dans la sphère de production de biens : capital physique, temps de travail, culture professionnelle notamment ;
  • la consommation et les cultures humaines qu’ils permettent d’obtenir, en quantité et structure optimales ;
  • le patrimoine privé cumulant les épargnes et héritages du passé ;
  • beaucoup de cultures humaines diverses et de « mentalités-vertus » acquises ou transmises ;
  • le temps à répartir ; 
  • enfin, un facteur de protocoles juridiques et réglementaires et les pressions régissant la vie personnelle.

Chaque personne, seule ou en famille, a sa propre fonction de bonheur à maximiser, dépendant de tous les éléments précédents. Quand en janvier on souhaite la bonne année à un parent ou un ami, on se place par l’esprit en observateur de sa fonction d’utilité-bonheur et si on le connaît vraiment bien, on sait ce qui compte pour lui : santé, voyage, sport, argent, belle voiture, réussite des enfants… Dans tous les cas on lui souhaite au préalable d’être libre d’œuvrer librement pour y parvenir. Mais on est parfois loin du compte…

La France étouffe

La montée du socialisme et l’amenuisement des libertés concrètes roulent en flot ininterrompu en France sous la forme de pressions et de protocoles juridiques et réglementaires de plus en plus étouffants : faire ceci ou cela, respecter des limitations de vitesse ridicules, faire contrôler sa maison, obtenir un certificat pour louer, ne plus pouvoir louer, se numériser à l’extrême, subir la fausse complaisance de ses fournisseurs ou de sa banque pour faciliter leur gestion à eux, créer un espace obligatoire, saborder sa voiture diesel dans la rade de Toulon… sans parler de tout ce qui attend dans la coulisse : suppression des espèces, reconnaissance faciale, carte des voyages en avion autorisés, « pass sanitaire » généralisé, puce sous la peau, jours où il fera trop mauvais pour avoir le droit de sortir, interdictions des préfets pour la pêche à pied, la chasse, le barbecue… On ne fait plus ce que l’on veut de son temps, de son patrimoine, ni même pour éduquer ses enfants. Les communes obéissent aux fonctionnaires des intercommunalités obligatoires sous prétexte d’économies de gestion jamais réalisées ; les agences (ADEME, ARCOM, OFB…) vous conseillent, vous surveillent et des sanctions pleuvent, tant sur les professionnels que sur les personnes.

Les moteurs de cette évolution sont certes l’action délibérée des hommes de pouvoir mais aussi et peut-être surtout, l’absence de réaction de la majorité soumise et fatiguée du peuple. On l’a vu de façon consternante au moment du Covid. Leur contexte est celui d’une réduction dramatique du tissu affectif national où les individus se regardent en chiens de faïence.

Notre siècle voit la disparition progressive du droit fondamental des individus et des familles à définir librement leurs fonctions d’utilité et à agir en conséquence. Sur ce point que nous signalons, les partis de droite, s’éloignant du peuple, ont été muets depuis fort longtemps, pour tout dire depuis Georges Pompidou, manquant ainsi gravement à ce combat existentiel.

« Bonne et heureuse vie » serait donc certainement le meilleur slogan des partis de droite s’ils prenaient enfin conscience de l’exaspération populaire sur l’utilité et la vie courante. Mais ils vont au contraire se contenter d’un vague combat pour le pouvoir d’achat, certes important mais besogneux et à effet trop lointain. À noter pourtant l’opération récente contre les ZFE (Crit’ Air Libre) où le RN vient de s’engager avec les automobilistes.

Pour réussir vraiment et rejoindre le mouvement d’émancipation international des peuples occidentaux, la droite devrait entreprendre une politique plus nettement populiste en faveur des libertés du quotidien.

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