La barbarie moderne: un retour des ténèbres sous des masques multiples

Les cérémonies organisées par le Hamas en marge de la remise des cadavres des enfants Bibas glacent le monde. Malheureusement, la barbarie n'est pas uniquement le propre du Hamas mais se généralise dans le monde... L’article La barbarie moderne: un retour des ténèbres sous des masques multiples est apparu en premier sur Causeur.

Fév 21, 2025 - 21:19
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La barbarie moderne: un retour des ténèbres sous des masques multiples

Les cérémonies organisées par le Hamas en marge de la remise des cadavres des enfants Bibas glacent le monde. Malheureusement, la barbarie n’est pas uniquement le propre du Hamas mais se généralise sur la planète.


Frapper des policiers isolés à coups de barre de fer, ou jeter un cocktail Molotov dans leur voiture en mettant leur vie en danger, ne relève en rien d’une lutte héroïque contre les inégalités et les injustices sociales. Il ne s’agit pas d’un acte de résistance légitime contre la supposée violence d’État et ses prétendus « chiens de garde » au service des puissants, comme certains intellectuels gauchistes aimeraient le faire croire. Ce n’est ni un cri de révolte éclairé ni un acte d’insurrection noble : c’est une régression brutale, un retour aux instincts les plus primitifs de l’humanité. C’est la manifestation d’une barbarie contemporaine qui, sous des prétextes idéologiques ou pseudo-moraux, nie toute notion d’humanité, de respect et de justice véritable.

Retour d’un imaginaire médiéval féroce

Depuis les attentats survenus dans différentes villes d’Europe, le terme de terrorisme islamiste est devenu omniprésent dans le débat public. Les images du chef de Boko Haram justifiant, au nom d’Allah, l’enlèvement de jeunes filles nigérianes, majoritairement chrétiennes, leur mariage forcé, leur conversion à l’islam et, dans certains cas, leur vente sur des marchés, ont profondément choqué les consciences à l’échelle mondiale.

Plus récemment, les événements tragiques impliquant le Hamas ont ravivé cette horreur. L’un des épisodes les plus glaçants fut la macabre cérémonie organisée à Gaza, où des cadres contenant les photos des jeunes enfants israéliens kidnappés lors des attaques du 7-Octobre 2023 furent exhibés dans une mise en scène sinistre. Ce qui choque davantage, c’est l’accueil enthousiaste de cette démonstration : la foule des Gazaouis a applaudi cette mise en scène morbide, et des parents ont même emmené leurs enfants pour y assister. Ce spectacle macabre, loin de susciter l’indignation, a été célébré par une partie de la population, révélant à quel point la barbarie peut s’enraciner dans les sociétés plongées dans la haine et la propagande.

Pourtant, cette brutalité n’est pas unique à un contexte religieux ou géopolitique précis. Paradoxalement, des œuvres de fiction populaires, telles que Game of Thrones, encensées en Occident, plongent elles aussi les spectateurs dans un univers où la sauvagerie règne en maître. Elles dépeignent un monde médiéval féroce où clans et seigneurs s’affrontent, où les massacres, les viols et les mutilations deviennent des instruments ordinaires de pouvoir. Cette fascination moderne pour la violence crue et la domination brute reflète peut-être, sous une forme détournée, l’attrait inquiétant pour un monde régi par la loi du plus fort.

La barbarie n’est pas l’apanage d’une religion, d’un peuple ou d’une région du monde. Elle traverse les âges et les civilisations. En Afrique des Grands Lacs ou dans certaines régions d’Amérique latine, des massacres et des violences extrêmes surviennent sans le moindre lien avec l’islam. En Europe, notre propre histoire est marquée par des épisodes sanglants : des guerres de religion entre Protestants et Catholiques aux horreurs de la Terreur révolutionnaire, où, sous prétexte de justice sociale, on guillotinait à tour de bras, rasait des villes entières et exterminait des populations accusées de trahison.

Voltaire rappelait avec une ironie amère les atrocités de la Saint-Barthélemy, où les citoyens de Paris, aveuglés par le fanatisme religieux, assassinèrent sans pitié leurs compatriotes qui n’assistaient pas à la messe. Cette violence, qu’elle soit justifiée par la foi, la politique ou l’idéologie, trouve toujours ses racines dans l’intolérance et la haine viscérale de l’Autre.

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Les djihadistes invoquent le Coran pour justifier leurs actes abominables, tout comme les nazis invoquaient une mythique pureté aryenne et une vision fantasmée du Saint Empire romain germanique, ou comme les gardes rouges de la Révolution culturelle s’abritaient derrière le Petit Livre rouge de Mao pour légitimer leurs exactions. Dans chacun de ces cas, l’idéologie, qu’elle soit religieuse ou politique, devient le masque d’une volonté de destruction, d’un rejet viscéral de la liberté individuelle et de la pensée critique.

Mais de quoi s’agit-il réellement ?

Lorsqu’un monde change trop rapidement, les sociétés peuvent ressentir un profond sentiment d’humiliation, d’impuissance et de peur face à des mutations qu’elles ne comprennent plus. C’est dans ces moments de fragilité que germe la violence. L’agression devient alors une réponse maladroite, une tentative désespérée de reprendre un semblant de contrôle sur une réalité qui échappe à l’individu.

Face à ces bouleversements, certains cherchent des coupables faciles. Ils fabriquent des boucs émissaires, s’enferment dans des clans, et se livrent à des rébellions désespérées contre une autorité perçue comme brutale et corrompue. Ironie cruelle : en s’alliant à d’autres formes d’autorité, souvent plus impitoyables et dogmatiques, ils espèrent trouver une vérité absolue, une cause à défendre.

C’est dans ces moments que ressurgissent les monstres de l’imaginaire collectif, les tyrans qui offrent des illusions de puissance à ceux qui se sentent dépossédés. Cet univers sombre, peuplé de violence et de pulsions destructrices, se reflète dans des récits comme Game of Thrones, où la soif de pouvoir justifie toutes les cruautés. Les faibles y deviennent des proies, les femmes des objets de conquête, et les adversaires des cibles à détruire.

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Aujourd’hui, cette régression touche plusieurs régions du monde – du monde musulman à certaines zones d’Afrique et d’Amérique latine. Ce retour à la barbarie repose sur un rejet viscéral de la modernité et de ses valeurs fondamentales : la raison critique, l’éducation, l’émancipation des individus, en particulier des femmes. Le nom même de Boko Haram, qui signifie en haoussa « l’éducation occidentale est un péché », illustre ce rejet profond.

Mais, en réalité, l’idéologie n’est qu’un prétexte. Le fanatique, qu’il soit religieux ou politique, n’est guidé ni par la foi ni par la justice, mais par la haine et la peur. Il ne s’attaque jamais aux puissants véritables : il cible ceux qui représentent symboliquement une force honnie, tout en étant suffisamment vulnérables pour qu’il puisse, en lâche, frapper sans risquer de véritables représailles.

En fin de compte, cette violence n’est pas le signe d’une quête de justice ou d’émancipation, mais d’une régression vers les ténèbres, où la barbarie se déguise en vertu et où la haine se pare des habits trompeurs de la vérité sacrée. La vigilance est de mise, car ces monstres ne surgissent pas du néant : ils se nourrissent des failles de nos sociétés, des frustrations, des humiliations et des abandons, pour s’imposer là où la raison s’efface. 

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