Haute autorité et bas instincts
Dictature de la transparence. Selon Libération, Rachida Dati posséderait une impressionnante collection de bijoux de luxe - dont certains offerts par l’ex-patron d’EDF. Ses avocats assurent qu’elle est en règle et dénoncent une intrusion dans sa vie privée. Ils l’assurent : leur très chic cliente ne collectionne pas les casseroles, mais des montres, colliers, bagues… L’article Haute autorité et bas instincts est apparu en premier sur Causeur.

Dictature de la transparence. Selon Libération, Rachida Dati posséderait une impressionnante collection de bijoux de luxe – dont certains offerts par l’ex-patron d’EDF. Ses avocats assurent qu’elle est en règle et dénoncent une intrusion dans sa vie privée. Ils l’assurent : leur très chic cliente ne collectionne pas les casseroles, mais des montres, colliers, bagues…
Le journalisme de délation a encore frappé. D’après Libération, Rachida Dati aurait caché 420000€ de bijoux à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP)[1]. Le fin limier de Libé a dû passer des semaines à traquer le trésor caché de Rachida Dati. Opération réussie. Les ferrets de Queen Dati enflamment les réseaux sociaux depuis hier.
Une femme d’affaires avisée
18 000 responsables publics doivent déclarer leur patrimoine et leurs intérêts à la HATVP, qui les publie après vérification. Nos inquisiteurs ont visiblement une taupe. Ils ont eu accès à la déclaration, encore à l’étude, de Rachida Dati, puisqu’ils savent ce qui manque…
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Premier scandale : elle est riche. Plus de 5 millions d’euros de patrimoine figurent dans sa précédente déclaration. C’est louche, ça, chef. « Seul un sacré chiffre d’affaires gagné en tant qu’avocate permet d’accumuler une telle fortune», écrit le journaliste Laurent Léger, laissant entendre qu’elle l’a acquis par d’autres moyens. Oui. Ça s’appelle l’entregent et ça vaut de l’or dans les affaires. Certes, 900 000€ perçus de Renault lui valent une mise en examen pour corruption passive. Reste qu’elle a gagné et placé de l’argent.
Quand « Libé » s’en va fouiner place Vendôme
Ensuite, «la longue enquête de Libération a permis de retrouver les traces d’un petit trésor», se félicite le quotidien de gauche. Ils ont enquêté chez les joailliers parisiens où quelques employés anonymes racontent avec gourmandise les visites de la dame avec son galant. Et les journalistes ont semble-t-il aussi fouillé dans les poubelles de la politique pour en extirper les ragots (parfois vrais) propagés par les adversaires ou amis… Le trésor ? Une vingtaine de pièces de grand luxe signées des grands noms du secteur: Chopard, Cartier et autres. Un peu de romance ne nuit pas aux ventes : on apprend que ces merveilles ont été offertes par Henri Proglio, ex-patron d’EDF et ex-compagnon de Mme Dati. Des bijoux offerts par son amant, quelle horreur ! En réalité, une femme partie de rien, qui s’est élevée au sommet en faisant tourner des têtes — j’adore ça. Quel roman !
Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus propre !
Oui, mais la loi ce n’est pas de la littérature ! me rétorquera-t-on. La loi qui oblige les dirigeants à se mettre à poil financièrement est plus totalitaire que littéraire, selon moi. Certes, cette loi a été votée par les parlementaires. Ce sont les élus qui ont abdiqué. Vincent Trémolet de Villers écrit dans Le Figaro que tous ces élus passent leur temps à se contempler dans le miroir du politiquement correct. Regardez comme nous sommes propres…
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Leur création, la HATVP, est une autorité administrative qui ne rend de comptes à personne, mais tient en joue les pouvoirs issus de l’élection. Vérifier le détail du patrimoine des élus ? Pourquoi pas. Mais sa publication, c’est autre chose : elle transforme cette autorité en tribunal révolutionnaire, qui transforme à son tour tous les citoyens en tricoteuses… Cela excite les passions tristes et la haine de l’argent (enfin… de l’argent des autres), cette passion si française. Ces salauds s’en mettent plein les poches, et moi, je trime pour le Smic. Voyez comme on flatte nos instincts.
Les bijoux de Rachida Dati ou les montres de Dupond-Moretti ne disent rien de leurs capacités de ministres. On peut tout à fait décider qu’on s’en fiche. Et j’ai le droit de ne pas savoir. Par souci d’économie, supprimons la HATVP et remercions Rachida Dati qui honore le chic français.
Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud radio dans la matinale de J-J. Bourdin
[1] https://www.liberation.fr/societe/police-justice/les-bijoux-caches-de-rachida-dati-revelations-sur-le-patrimoine-de-la-ministre-de-la-culture-20250409_CSZOOEG3AVFCJBERYAWHKY6F7M/
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