Glucksmann: tremble, Amérique!
Relations internationales. En exigeant des Américains qu’ils restituent la statue de la Liberté, le chef de la gauche molle française espérait frapper un grand coup médiatique et faire le buzz. Malheureusement, on ne s’improvise pas leader populiste du jour au lendemain, et hormis sur France Inter, son coup d’éclat est passé inaperçu. Ah, si ! Une vulgaire petite porte-parole de la Maison Blanche a fini par réagir à ses menaces hier soir… L’article Glucksmann: tremble, Amérique! est apparu en premier sur Causeur.

Relations internationales. En exigeant des Américains qu’ils restituent la statue de la Liberté, le chef de la gauche molle française espérait frapper un grand coup médiatique et faire le buzz. Malheureusement, on ne s’improvise pas leader populiste du jour au lendemain, et hormis sur France Inter, son coup d’éclat est passé inaperçu. Ah, si ! Une vulgaire petite porte-parole de la Maison Blanche a fini par réagir à ses menaces hier soir…
Le charismatique Raphaël Glucksmann s’attaque aux États-Unis d’Amérique : le monde tremble. Dimanche, au discours de clôture de son grand parti (Place Publique, si vous l’ignoriez), il a crié « Rendez-nous la statue de la liberté ! » — de sa voix terrible digne de Jean Jaurès. « Vous la méprisez ! », a-t-il rugi tel un lion devant la foule énorme, gigantesque, monstrueuse de ses mille cinq cents militants ; partout dans les rangs, ça défaillait, ça perdait connaissance ; les gens s’écroulaient comme des dominos, congestionnés, ivres de l’ambiance (c’est que les partisans de Glucksmann ne sont plus tout jeunes). Trump n’a qu’à bien se tenir ; quel dommage que six mille kilomètres et vingt-cinq milliards de dollars de PIB séparent Paris de Washington ! — sinon, à coup sûr, le président américain eût entendu les jérémiades (pardon, les menaces) du leader le plus magnétique de l’Hexagone, du nouveau Napoléon français, du Don Quichotte de la bobo-écologie.
Coup d’éclat
Le chef, faisant montre d’une stratégie héritée des préceptes de Sun Tzu, aura cherché à lancer sa campagne par un grand coup d’éclat. Balzac entrait dans la société « comme un boulet de canon » ; Glucksmann entrera dans la politique (au fait, n’y est-il pas déjà entré depuis plusieurs années… ?) comme une fusée électrique — éco-responsable. Raté ! le dandy des beaux quartiers, semble-t-il, est moins versé dans l’art suprême de la provocation que ses ennemis les populistes : la fusée a piqué du nez ; elle s’est échouée lamentablement à quelques encablures de l’Espace Charenton, dans la Seine (elle n’allait quand même pas quitter Paris). Toute la journée, on a guetté anxieusement les médias, les annonces, les communiqués de la Maison Blanche ; en vain ! Donald Trump a préféré rester silencieux. Aurait-il peur ?… on est en droit de se poser la question.
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Il faut dire aussi que Raphaël Glucksmann a sorti le grand jeu. Le paon a exhibé la traîne ; le ouistiti, gonflé la poitrine ; l’éléphanteau barri puissamment. De son ton plein d’assurance, gaullien (à peu de choses près), il a d’abord fustigé ces « Américains qui ont choisi de basculer du côté des tyrans » (si, si, il l’a dit), avant de se lancer dans une diatribe pas très claire au sujet des « scientifiques ». L’émotion dans la salle était palpable ; les vieux (pardon, les militants), essoufflés, hurlaient en chœur : Liberté ! Liberté ! On se serait presque cru avec les soldats de la grande armée lorsqu’ils entonnaient Le Chant du départ, et puis s’en allaient à l’assaut du monde — bien sûr, c’était plutôt la vieille armée ; puis les bourgeois affadis, les secrétaires de mairie, les artistes au chômage ont remplacé les grognards héroïques ; mais enfin, l’esprit était là.
Ce n’était qu’un rêve
Qu’on se le dise : Raphaël Glucksmann, candidat pour l’Ukraine (pardon, pour la France) ne sera jamais à la botte des États-Unis d’Amérique. Il va… il va… au fait, quel est son programme ? — nous verrons cela plus tard. Les grands ambitieux ne s’arrêtent pas aux détails bassement matériels, surtout quand de leur appartement ils ont vue sur la tour Eiffel. La tête dans les nuages, le rassembleur des gauches nous avait déjà fait rêver lors de sa précédente campagne avec ses masses de granit, les inoubliables « ticket climat », « pacte bleu pour les océans », « Europe du train ». Personne n’a oublié le courage dont il fit preuve, l’abnégation, les sacrifices qui furent les siens au moment de la croisade courageuse qu’il mena pour cette vaste idée, non pas la République, non pas la Liberté, non pas la Grandeur de la France, mais l’écologie sociale. Votre cœur s’emballe ? — ce n’est pas normal, allez consulter. Allons ! soyons sérieux : le héraut de l’intérêt général, qui chante la bien-pensance comme Florence Foster Jenkins chantait l’opéra, propose la taxation automatique des profits, la fin des écarts de salaire supérieurs à vingt dans les entreprises, la création de nouvelles autorités européennes (il n’y en a pas assez), et voudrait donner des leçons de liberté aux États-Unis ; trouve-t-il que Trump est ridicule ?…
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On lisait dans un portrait de L’Express publié en 2019 (déjà !), à propos de Glucksmann, ces lignes prophétiques : « il est un essayeur professionnel, il tente tout ; passe son temps à s’extraire de sa zone de confort, se rétame, se relance, essaie, essaie encore : « C’est pour ça que j’aime le mot ‘essayiste’. Il faut essayer en politique, en journalisme, sur le terrain des idées… » » Hélas ! six ans ont passé, et apparemment, le fils du nouveau philosophe ne connaît toujours pas le mot « succès » ; pendant ce temps-là, Elon Musk est devenu l’homme le plus riche du monde, haut conseiller du président des États-Unis, a racheté X et fondé xAI. Glucksmann ferait mieux d’aller prendre des leçons à la Maison Blanche, plutôt que de proférer des inepties sur la statue de Bartholdi ; l’idéalisme est poétique dans un État fort, quand il sort de la bouche de Victor Hugo ; il est bête quand l’État s’affaiblit, abruti de socialisme ignare ; du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. Interrogé par le journaliste dans le même portrait, le « pirate » (sic) confiait ceci : « Soit on regardait sans réagir ce paysage figé, désespéré, et l’on devenait un think tank d’intellectuels dont le monde se fout. Soit, au contraire, on essayait tout. On tentait tout pour faire bouger les choses ! » Eh bien, voilà, il l’aura lancé, son parti : mais ça aussi, tout le monde s’en fout.
PS : La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a qualifié hier soir (heure française) Raphaël Glucksmann de « petit homme politique français inconnu », et rappelé que les Américains ont été le phare de la liberté mondiale…
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