Entretien: le designer Mathieu Lehanneur inaugure son pied-à-terre à New York

À New York, le designer français a inauguré son « Pied-à-Terre ». Un appartement en duplex avec une vue imprenable sur la skyline de la ville où il déploie son univers créatif distinctif dans un cadre domestique.

Mai 2, 2025 - 07:01
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Entretien: le designer Mathieu Lehanneur inaugure son pied-à-terre à New York

L.A. Quelle est la genèse de ce projet de « Pied-à-Terre » à New York ?

M.L. L’idée était de répondre à l’enthousiasme américain pour nos pièces. Comme designer, bien sûr, mais aussi comme fabricant et distributeur de nos propres collections, nous avons reçu un accueil très favorable à l’échelle internationale, et particulièrement de la part du marché américain.

Peux-tu nous présenter ce lieu ?

L’appartement se trouve au dernier étage du Selene, un très bel immeuble conçu par Norman Foster, non loin de Central Park. Nous sommes aux 60e et 61e étages. L’objectif était de rendre nos créations visibles, de permettre de les toucher, de les essayer, de les voir dans un contexte domestique. Nous ne sommes pas dans une galerie, ni un showroom, mais dans un appartement avec des espaces de vie, où chaque pièce est choisie avec acuité et exigence.

Est-ce que des pièces ont été créées exclusivement pour ce lieu ?

Pas véritablement mais certaines ont été modifiées, ajustées pour l’espace. Ce projet nous permet de tester des choses, ce qui donne à nos clients la primeur sur ce qui pourrait sortir. C’est une sorte de soft opening permanent.

Quand tu as découvert cet espace pour la première fois, as-tu tout de suite vu certaines de tes pièces ici ?

Cela a été le cas pour les suspensions Mollien, qui avaient été initialement dessinées pour un café au musée du Louvre. Lorsque le café a dû fermer, j’ai racheté des pièces aux enchères. Je trouvais que c’était aussi un signe d’amitié franco-américaine que d’apporter un morceau du Louvre aux États-Unis. De la même manière, il était important pour moi que la torche olympique que j’ai signée y soit présente. Il faut savoir que 85 ou 90 % de nos pièces partent à l’étranger et pour une grande partie aux États-Unis.

Est-ce que cette installation aux États-Unis a fait naître en toi de nouvelles inspirations ?

Le fait d’avoir choisi, il y a quelques années, de nous libérer des éditeurs, puis progressivement des galeries et de maîtriser la chaîne de A à Z était déjà un premier pas. Maîtriser ensuite complètement la production par La Factory, à Ivry-sur-Seine, en était un autre. Celui-ci en est un nouveau. Nous voulions trouver un mode opératoire qui nous ressemble et qui nous paraissait pertinent par rapport à ce marché-là. Nous sommes en test permanent.

Comment prévois-tu de faire vivre et évoluer ce lieu ?

Notre volonté est de mettre les pièces à disposition mais aussi d’initier des rencontres, avec des programmes de conférences, de discussions, de révélations en avant-première. Une véritable plate-forme d’échanges. Nous commençons avec New York parce que c’est le terrain qui a toujours été le plus accueillant à notre égard, mais l’idée est d’ouvrir d’autres lieux sur le territoire américain, probablement côte Ouest, peut-être au Texas, et puis dans d’autres pays.

Avec la Torche olympique, l’année 2024 a été intense pour toi. Quels sont les projets sur lesquels tu travailles ?

En effet, 2024 a été une belle année. Alors nous continuons de structurer l’entreprise pour être le plus forts possible et fiers des pièces que nous livrons. Nous avons toujours une quinzaine de pièces en développement, avec en moyenne deux à trois ans entre les premiers dessins et le moment où nous sommes prêts à les montrer. Je dis souvent à mes clients : « la pièce que vous vous apprêtez à acheter va vivre plus longtemps que vous », ce qui crée toujours un petit moment de silence parce qu’évidemment cela met chacun face à sa propre finitude, mais c’est la mission que nous nous donnons. Une pièce est pensée pour une durée de vie allant de 100 à 150 ans, alors, pour atteindre cet objectif, il faut penser scrupuleusement aux matériaux, finitions, assemblages, modes de fabrication, emballage, transport. J’aime l’idée que ces créations puissent se transmettre.