Dans quelle station de métro peut-on voir des oiseaux géants qui veillent sur les quais ?

Levez la tête, l’avez-vous remarquée ? À la station Cluny-la-Sorbonne, cette immense mosaïque flamboyante semble flotter au-dessus des quais. Signée Jean Bazaine, difficile de passer à côté de cette œuvre aux couleurs vibrantes qui embrase le passage d’un souffle de lumière, et nous élève un instant vers les hautes sphères du savoir. Une création poétique […]

Avr 23, 2025 - 16:28
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Dans quelle station de métro peut-on voir des oiseaux géants qui veillent sur les quais ?

Levez la tête, l’avez-vous remarquée ? À la station Cluny-la-Sorbonne, cette immense mosaïque flamboyante semble flotter au-dessus des quais. Signée Jean Bazaine, difficile de passer à côté de cette œuvre aux couleurs vibrantes qui embrase le passage d’un souffle de lumière, et nous élève un instant vers les hautes sphères du savoir. Une création poétique au milieu du tumulte du métro parisien, que l’on vous présente plus en détails.

«Ailes et flammes», un ballet aérien en plein métro

Sur la voûte de la station Cluny-la-Sorbonne, deux grands oiseaux flamboyants signés Jean Bazaine déploient leurs ailes avec audace. L’un, aux couleurs chaudes -jaune et rouge- répond à l’autre plus calme, au plumage teinté de nuances bleues et mauves. Sur 400m², cette mosaïque monumentale est composée de 60 0000 tesselles en lave émaillée de Volvic,  fixées sur un tissu de fibre de verre. «Ailes et flammes» a été réalisée sous la direction de l’artiste peintre et mosaïste Gino Silvestri da Bellun, assisté d’une équipe de dix mosaïstes. Abstraction figurative, aplats de couleurs vibrants : on y reconnaît là tout le style de Jean Bazaine, figure majeure de l’École de Paris et un des grands acteurs du renouveau du vitrail après la Seconde Guerre mondiale. De son travail dans le vitrail, Jean Bazaine garde un souci particulier accordé la lumière : à Cluny-la-Sorbonne, même l’éclairage fait partie intégrante de l’œuvre d’art, pensé et supervisé par l’artiste lui-même, qui voulait une lumière douce capable de sublimer l’œuvre. Ensemble, les deux oiseaux imposants forment un ballet aérien au milieu des signatures d’illustres personnages historiques et d’intellectuels. Avec leurs ailes déployées et leurs couleurs vibrantes, pleins de fougue et de vitalité, ils incarnent parfaitement l’esprit du quartier latin, cœur battant de la vie intellectuelle et estudiantine parisienne depuis huit siècles. 

 

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« C’est une commande de Lang, cette station est vraiment une cathédrale souterraine, car elle a trois voies, Léotard se fait tirer l’oreille mais enfin ça a l’air de redémarrer. Il y a 400 m2 de mosaïques… ça coûte cher. J’ai mis un immense oiseau bleu de 20 mètres de long, et un autre oiseau rouge de 20 mètres de long. J’ai imaginé d’immenses graffitis représentant les signatures de tous les grands noms qui ont fréquenté cet endroit, Victor Hugo, des rois… ». Jean Bazaine

Détail de la Mosaïque "Ailes et Flammes" @jeremy_libersens_
Détail de la Mosaïque “Ailes et Flammes” @jeremy_libersens_

La mosaïque est effectivement le fruit d’une commande du ministère de la Culture, alors dirigé par Jack Lang, en collaboration avec la RATP. Autour des oiseaux, 54 signatures s’inscrivent sur le fond blanc : Victor Hugo, Marie Curie, Champollion, Philippe Auguste, Louis XIV, Baudelaire, Bergson, Montaigne, Verlaine, Ronsard, Diderot, Voltaire, Balzac, Rimbaud, Delacroix, … autant d’intellectuels, de personnages politiques, et d’artistes associés à l’histoire de la Sorbonne. Même le nom de la station, inscrit dans une police de caractères manuscrits en rouge, est inédit dans le réseau parisien, et fait de la station une véritable exception. 

Une station fantôme pendant près de 50 ans

Mais avant que ces deux oiseaux ne viennent ranimer la station, Cluny-la-Sorbonne a longtemps appartenu à la famille des “stations fantômes”. Construite en 1930 sous le nom de « Cluny » – car assurant la desserte du musée de Cluny-, la station est fermée en 1939 après la déclaration de la guerre. Trop peu fréquentée en raison de sa proximité avec les stations Odéon et Maubert-Mutualité, sa mise en sommeil permet de faire des économies nécessaires en ces temps de crise. Après plus de 50 ans de fermeture, ce n’est qu’en 1988, à l’occasion de l’inauguration de la station Saint-Michel Notre-Dame sur le RER B, que Cluny rouvre ses portes. Elle permet alors la correspondance entre les lignes B et C du RER.  À cette occasion, elle se dote d’un tout nouveau nom « Cluny-la-Sorbonne », et se refait une beauté, parée des couleurs chatoyantes de Jean Bazaine. Après avoir longtemps battu de l’aile, la station était prête à reprendre son envol !

 

 

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Avec une seconde mosaïque colorée signée Claude Maréchal en 1987 -déroulée sur 600 mètres dans le couloir de correspondance vers le RER à Saint Michel- la station devient un véritable parcours artistique souterrain ! Sur une centaine de nuances de bleu, rouge et jaune, cette œuvre prolonge la surprise au-delà des quais en rendant un hommage lumineux à Claude Monet et Georges Clémenceau.

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Image à la une :
Cluny la Sorbonne, Mosaïque de Jean Bazaine, @ratp sur Instagram