Bruno Retailleau à l’heure des premiers doutes
Le ministre de l’Intérieur, chouchou de la droite conservatrice, essuie ses premières critiques. Notre chroniqueur voit dans ce torpillage en règle qui provient de toutes parts le signe qu’il est en réalité sur le bon cap… L’article Bruno Retailleau à l’heure des premiers doutes est apparu en premier sur Causeur.

Le ministre de l’Intérieur, chouchou de la droite conservatrice, essuie ses premières critiques. Notre chroniqueur voit dans ce torpillage en règle qui provient de toutes parts le signe qu’il est en réalité sur le bon cap…
Ce moment politique, je savais qu’il arriverait. Cette heure où après l’enthousiasme surviendrait, inéluctable, la désillusion politique et médiatique. Où après avoir suscité un immense espoir, pas seulement à droite, Bruno Retailleau aurait, paraît-il, « une stratégie qui sème le doute » et que ce serait « la fin de l’état de grâce » : comme si à un quelconque moment il avait eu le temps et le narcissisme de la goûter ! Ce qui me rassure, sans paradoxe, c’est qu’il est attaqué de toutes parts. Quel meilleur signe pour démontrer qu’il pense et agit juste ! Qu’il soit honteusement stigmatisé comme « raciste » sur une affiche LFI apporte une justification supplémentaire à sa défense.
L’heure des premiers comptes
Il convient de distinguer les critiques de bonne foi des hostilités tactiques, partisanes et personnelles. Pour les premières, elles tournent peu ou prou autour du fait que le ministre de l’Intérieur obtiendrait peu de résultats, qu’il serait, comme tant d’autres ministres, un adepte du verbe et que, pour l’Algérie, sa méthode de durcissement serait contre-productive. Bruno Retailleau n’a pas besoin de moi pour faire justice de ces allégations. Autour de lui, une équipe soudée sait comme elles sont imméritées.
D’abord un certain nombre d’évaluations établissent, pour ce qui relève strictement de son pouvoir, un progrès dans l’action régalienne et l’activité policière. Les choses bougent lentement mais elles bougent. Rappelons que M. Retailleau n’est pas seul. Il s’inscrit dans un processus où l’État de droit, les recours, la vie parlementaire, rendent souvent impossibles les réformes pourtant les plus nécessaires. Il est normal qu’on attende beaucoup de lui, encore faut-il prendre la mesure de tout ce qui le ligote.
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Quant à sa volonté de répondre aux humiliations répétitives que fait subir l’Algérie à la France – sans évoquer la terrible angoisse sur le futur de Boualem Sansal -, sa politique de riposte graduée est approuvée par une forte majorité de Français, mais elle est limitée par la retenue présidentielle. On perçoit bien la différence de stratégie entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau. En espérant que le premier ne vise pas seulement à entraver l’énergie déterminée du second…
Là où Retailleau, pour vaincre Alger, hiérarchise ses menaces, le président flatte pour amadouer : il compte sur la « clairvoyance » du président Tebboune. En tout cas, personne ne peut contester que place Beauvau, tout en ne sortant jamais de son rôle, on accomplisse tout pour sauvegarder l’honneur de la France… Une exigence dont les candidats devront mesurer toute la portée lors de la campagne en 2027.
Macron, seul « interlocuteur légitime » des Algériens
La démarche d’Emmanuel Macron paraît validée par le président algérien qui affirme qu’il est son seul interlocuteur légitime – une pierre de plus contre Bruno Retailleau – , minimise le problème des OQTF et ne répond rien sur Boualem Sansal. On se contentera de peu et on interprétera cela comme une amorce d’apaisement.
Derrière ces discussions admissibles – Bruno Retailleau est le premier à regretter cette règle fatale de la vie politique, qui empêche souvent le nécessaire de devenir possible -, il y a une fronde aigre, jalouse et vindicative à son encontre.
De la part de ses adversaires, rien de plus normal. Il est détesté par une grande part de la gauche et de l’extrême gauche, parce qu’il a cessé cette perversion d’une droite copie conforme de ceux qui la combattent. Mais il suscite toutefois des adhésions hors de son propre camp…
Dans sa propre famille largement entendue, c’est anormal, c’est un poison. Il est l’objet de polémiques, de controverses, de dérision, de contradictions aberrantes, de sous-estimation systématique de ce qu’il a insufflé, d’un refus permanent de considérer qu’après Nicolas Sarkozy (même si son mandat n’a pas été à la hauteur de sa formidable campagne de 2007), Bruno Retailleau est le seul ayant enfin redonné à la vraie droite sa fierté.
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Si au mois de mai Laurent Wauquiez – il mène une campagne à fond – bénéficie de ses coups fourrés, manœuvres et propos ambigus à l’encontre de Bruno Retailleau en devenant président de la droite républicaine, il est clair qu’on aura perdu beaucoup et qu’aucun lot de consolation ne comblera cette déception.
Je voudrais insister sur le caractère et le comportement de Bruno Retailleau. Je n’ai jamais dérogé à cette obsession de la tenue des politiques, de l’exemplarité de leur attitude (privée et publique, la première n’étant jamais sans effet sur la seconde) et de leur éthique irréprochable. On n’a jamais, sur ce plan, mis en cause Bruno Retailleau. C’est un élément fondamental dans mon adhésion à cette nouvelle droite. Elle ne noiera pas les valeurs de la morale publique dans les remous sales du pouvoir. L’intégrité d’un Bruno Retailleau, voire son austérité (L’Express) remettent la République à sa bonne place, contre la peopolisation ridicule ou dégradante de pratiques politiques indignes de l’espérance des citoyens, même au plus haut niveau. C’est parce qu’il est décrié qu’il faut absolument se tenir à ses côtés. Le soutenir. Se battre pour ce qu’il incarne et représente. Sinon, pour la droite qui lui doit déjà beaucoup, le destin ne repassera pas les plats !
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