Babolat : traverser l’après-Nadal sans perdre son jeu
Alors que Rafael Nadal s’éloigne des courts, son équipementier historique, Babolat, célèbre ses 150 ans. Un moment symbolique qui marque la fin d’un chapitre… et l’ouverture d’un nouveau. Comment la marque française, portée pendant deux décennies par le Majorquin, prépare-t-elle sa mue ? Plongée dans une stratégie de renouvellement à la fois ambitieuse et lucide. 2024 a sonné comme une fin d’ère : celle de Rafael Nadal, icône du tennis mondial, mais aussi visage de Babolat depuis plus de vingt ans. Avec ses 22 titres du Grand Chelem – dont 14 à Roland-Garros –, l’Espagnol a été bien plus qu’un ambassadeur. Il a incarné la marque. Pourtant, loin de se laisser déstabiliser, Babolat fête en 2025 un cap rare dans le monde du sport : ses 150 ans. L’occasion de rendre hommage à son histoire, tout en traçant les contours d’un avenir sans « Rafa ». « Le post-Nadal, on s’y était préparé », affirme Marion Cornu, directrice marketing de Babolat, dans L’Équipe. « L’important pour nous, c’est de placer ces 150 ans sous le signe de l’innovation et de la jeunesse. » L’héritage et l’innovation : les deux piliers Babolat Créée en 1875 à Lyon, l’entreprise a commencé par fabriquer des cordages en boyaux naturels. Déjà à l’époque, la marque anticipait les besoins des joueurs. Les Mousquetaires français, vainqueurs de six Coupes Davis entre 1927 et 1932, jouaient déjà avec du Babolat. Depuis, la société familiale – toujours dirigée par Éric Babolat, représentant de la cinquième génération – a fait de l’innovation son moteur. La Pure Drive, lancée en 1994, incarne cette philosophie. Elle s’est imposée comme la raquette la plus vendue au monde, avec plus de dix millions d’exemplaires écoulés. En janvier dernier, la onzième version a vu le jour, preuve que la marque ne vit pas dans la nostalgie mais dans l’évolution. L’après-Nadal s’organise autour d’un mot-clé : transmission. Et c’est Carlos Alcaraz qui en est le symbole. À seulement 21 ans, le jeune Espagnol enchaîne déjà les titres majeurs (US Open 2022, Wimbledon 2023 et 2024, Roland-Garros 2024). Il est aujourd’hui le nouveau porte-drapeau de Babolat. Mais la marque ne s’arrête pas à une seule figure. Holger Rune, Félix Auger-Aliassime, Cameron Norrie, ou encore les Français Arthur Fils, Arthur Cazaux et Giovanni Mpetshi Perricard incarnent la nouvelle vague. Côté féminin, Sofia Kenin et Karolina Pliskova élargissent la présence sur le circuit. « On développe une proximité avec les champions dès leur plus jeune âge », insiste Marion Cornu. Cela permet à Babolat d’ajuster ses produits – raquettes, cordages, chaussures – au plus près des besoins du haut niveau. Un suivi de long terme, couplé à une politique d’innovation, qui assure à la marque une visibilité durable sur le circuit professionnel. Mais cette stratégie n’est pas sans enjeux : la relève est brillante, mais encore jeune. Et si Alcaraz ne confirmait pas sur la durée ? Et si la concurrence captait l’attention des futures stars ? La transition est bien lancée, mais son aboutissement dépendra des résultats sportifs et de la stabilité du marché. Diversification : la force tranquille de Babolat Pour sécuriser son avenir, Babolat mise aussi sur la diversification. Après avoir investi le badminton dans les années 1990, la marque s’attaque désormais au padel et au pickleball, deux sports de raquette en pleine explosion. Le padel, en particulier, pèse déjà 25 % du chiffre d’affaires de Babolat. Dernier coup d’éclat : une raquette conçue avec Lamborghini, fruit d’un croisement inédit entre sport et haute technologie. La marque est également partenaire d’académies renommées comme celles de Rafael Nadal et Juan Carlos Ferrero, contribuant ainsi à l’essor mondial du padel. « Ces pratiques sont complémentaires », souligne Marion Cornu. « Il y a une vraie porosité entre tennis, padel et pickleball, qui s’observe dans les lieux de consommation comme chez nos clients. » Mais là encore, un pari s’impose : celui que le padel et le pickleball continueront leur ascension. La dynamique est porteuse, mais si la tendance venait à s’essouffler, cela pourrait fragiliser une partie des investissements engagés. La production française, un ancrage stratégique ? Dans un univers industriel largement mondialisé, Babolat cultive un lien fort avec ses racines. Une partie de sa production reste tricolore : les cordages naturels à Ploërmel, les machines à corder à Besançon, les boyaux synthétiques à Corbas… et bientôt, des chaussures conçues en Ardèche en partenariat avec Michelin. Un choix qui traduit autant un engagement territorial qu’un gage de qualité. À l’heure où la majorité des marques externalisent, Babolat fait figure d’exception. Cette proximité avec le terrain et les partenaires industriels renforce son identité. et si le plus beau chapitre s’écrivait sans Rafa ? Babolat n’a pas attendu la retraite de Rafael Nadal pour préparer la suite. Elle l’a anticipée, intégrée, transformée en opportunité. En misant sur la je

Alors que Rafael Nadal s’éloigne des courts, son équipementier historique, Babolat, célèbre ses 150 ans. Un moment symbolique qui marque la fin d’un chapitre… et l’ouverture d’un nouveau. Comment la marque française, portée pendant deux décennies par le Majorquin, prépare-t-elle sa mue ? Plongée dans une stratégie de renouvellement à la fois ambitieuse et lucide.
2024 a sonné comme une fin d’ère : celle de Rafael Nadal, icône du tennis mondial, mais aussi visage de Babolat depuis plus de vingt ans. Avec ses 22 titres du Grand Chelem – dont 14 à Roland-Garros –, l’Espagnol a été bien plus qu’un ambassadeur. Il a incarné la marque. Pourtant, loin de se laisser déstabiliser, Babolat fête en 2025 un cap rare dans le monde du sport : ses 150 ans. L’occasion de rendre hommage à son histoire, tout en traçant les contours d’un avenir sans « Rafa ». « Le post-Nadal, on s’y était préparé », affirme Marion Cornu, directrice marketing de Babolat, dans L’Équipe. « L’important pour nous, c’est de placer ces 150 ans sous le signe de l’innovation et de la jeunesse. »
L’héritage et l’innovation : les deux piliers Babolat
Créée en 1875 à Lyon, l’entreprise a commencé par fabriquer des cordages en boyaux naturels. Déjà à l’époque, la marque anticipait les besoins des joueurs. Les Mousquetaires français, vainqueurs de six Coupes Davis entre 1927 et 1932, jouaient déjà avec du Babolat. Depuis, la société familiale – toujours dirigée par Éric Babolat, représentant de la cinquième génération – a fait de l’innovation son moteur.
La Pure Drive, lancée en 1994, incarne cette philosophie. Elle s’est imposée comme la raquette la plus vendue au monde, avec plus de dix millions d’exemplaires écoulés. En janvier dernier, la onzième version a vu le jour, preuve que la marque ne vit pas dans la nostalgie mais dans l’évolution.
L’après-Nadal s’organise autour d’un mot-clé : transmission. Et c’est Carlos Alcaraz qui en est le symbole. À seulement 21 ans, le jeune Espagnol enchaîne déjà les titres majeurs (US Open 2022, Wimbledon 2023 et 2024, Roland-Garros 2024). Il est aujourd’hui le nouveau porte-drapeau de Babolat.
Mais la marque ne s’arrête pas à une seule figure. Holger Rune, Félix Auger-Aliassime, Cameron Norrie, ou encore les Français Arthur Fils, Arthur Cazaux et Giovanni Mpetshi Perricard incarnent la nouvelle vague. Côté féminin, Sofia Kenin et Karolina Pliskova élargissent la présence sur le circuit.
« On développe une proximité avec les champions dès leur plus jeune âge », insiste Marion Cornu. Cela permet à Babolat d’ajuster ses produits – raquettes, cordages, chaussures – au plus près des besoins du haut niveau.
Un suivi de long terme, couplé à une politique d’innovation, qui assure à la marque une visibilité durable sur le circuit professionnel.
Mais cette stratégie n’est pas sans enjeux : la relève est brillante, mais encore jeune. Et si Alcaraz ne confirmait pas sur la durée ? Et si la concurrence captait l’attention des futures stars ? La transition est bien lancée, mais son aboutissement dépendra des résultats sportifs et de la stabilité du marché.
Diversification : la force tranquille de Babolat
Pour sécuriser son avenir, Babolat mise aussi sur la diversification. Après avoir investi le badminton dans les années 1990, la marque s’attaque désormais au padel et au pickleball, deux sports de raquette en pleine explosion.
Le padel, en particulier, pèse déjà 25 % du chiffre d’affaires de Babolat. Dernier coup d’éclat : une raquette conçue avec Lamborghini, fruit d’un croisement inédit entre sport et haute technologie. La marque est également partenaire d’académies renommées comme celles de Rafael Nadal et Juan Carlos Ferrero, contribuant ainsi à l’essor mondial du padel.
« Ces pratiques sont complémentaires », souligne Marion Cornu. « Il y a une vraie porosité entre tennis, padel et pickleball, qui s’observe dans les lieux de consommation comme chez nos clients. »
Mais là encore, un pari s’impose : celui que le padel et le pickleball continueront leur ascension. La dynamique est porteuse, mais si la tendance venait à s’essouffler, cela pourrait fragiliser une partie des investissements engagés.
La production française, un ancrage stratégique ?
Dans un univers industriel largement mondialisé, Babolat cultive un lien fort avec ses racines. Une partie de sa production reste tricolore : les cordages naturels à Ploërmel, les machines à corder à Besançon, les boyaux synthétiques à Corbas… et bientôt, des chaussures conçues en Ardèche en partenariat avec Michelin.
Un choix qui traduit autant un engagement territorial qu’un gage de qualité. À l’heure où la majorité des marques externalisent, Babolat fait figure d’exception. Cette proximité avec le terrain et les partenaires industriels renforce son identité.
et si le plus beau chapitre s’écrivait sans Rafa ?
Babolat n’a pas attendu la retraite de Rafael Nadal pour préparer la suite. Elle l’a anticipée, intégrée, transformée en opportunité. En misant sur la jeunesse, en élargissant son terrain de jeu et en affirmant ses racines, la marque française fait la démonstration de sa capacité à se réinventer sans renier son ADN.
D’autres grandes marques ont déjà été confrontées à ce défi. Après la retraite de Björn Borg, Donnay – alors leader mondial des raquettes – a rapidement décliné. À l’inverse, Wilson a su rebondir après Pete Sampras grâce à l’arrivée de Roger Federer.
Le défi est donc bien réel, mais pas insurmontable.
La transition est engagée, mais elle n’est pas encore totalement gagnée. Les jeunes talents devront confirmer, les marchés du padel et du pickleball maintenir leur promesse, et l’innovation continuer à guider la marque.
Et si, justement, c’était ce défi — celui d’avancer sans son héros de toujours — qui ouvrait pour Babolat le plus grand chapitre de son histoire ?