Soumy, un Guernica ukrainien?
Le bombardement russe cruel à Soumy de dimanche indigne tout le monde. Enfin, presque tout le monde... Avec pareil massacre, Poutine semble déterminé à montrer qu’il n’a aucune ligne rouge... L’article Soumy, un Guernica ukrainien? est apparu en premier sur Causeur.

Le bombardement russe cruel à Soumy dimanche indigne tout le monde. Enfin, presque tout le monde… Avec pareil massacre, Poutine semble déterminé à montrer qu’il n’a aucune ligne rouge.
On va me juger simpliste, ignorant, partial, trop sensible ou naïf. Comme si les guerres ne faisaient pas des victimes. Comme si l’Histoire n’était pas emplie de massacres. Comme si l’Ukraine était le premier pays à souffrir et à pleurer. Pourtant l’horreur qui a frappé Soumy, dans son centre-ville bondé, le dimanche des Rameaux, dépasse l’entendement, l’indignation politique même la plus intense, le dégoût ordinaire devant ce que l’invasion de l’Ukraine par la Russie fait surgir chaque jour. Au point qu’à force de s’installer dans nos vies françaises, ce conflit à la responsabilité non partagée nous est devenu invisible. Telle une familiarité ignoble.
L’ignominie à Soumy
Mais les 34 morts de Soumy et la centaine de blessés, dans une zone totalement civile, nous contraignent à regarder la réalité, la vérité en face. Nous n’avons plus la ressource de fuir dans des considérations géopolitiques, dans des analyses savantes sur les rapports de force internationaux, sur les désastres humains pesés au trébuchet, telle une immonde comptabilité.
C’est à Soumy une humanité sciemment assassinée et meurtrie par quelqu’un dont les ordres immoraux font en effet de lui, comme l’a déclaré le président Zelensky « un salaud ». Aussi insultante que soit cette définition, elle me paraît justifiée parce qu’il y a des crimes qui sortent de l’épure d’un monde international même chaotique et violent, pour relever d’une inhumanité pure et nue. Sans la moindre faille pour un zeste de compréhension, un soupçon d’explication. Exactement comme dans l’univers pénal : il y a une hiérarchie même dans l’ignoble.
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Avoir décrété qu’on allait faire mourir une part de la population innocente de tout dans ce centre-ville de Soumy où les têtes et les cœurs se trouvaient, croyants ou non, dans l’émotion tranquille du dimanche des Rameaux, est une ignominie. Qui pouvait s’attendre à une telle rupture dans cette respiration dominicale, à ces morts et à ces blessés visés par le sadisme de Poutine ?
Le massacre de trop
Il faudra un jour, sans la moindre complaisance, questionner la scandaleuse attitude du président Trump qui a non seulement changé le cours des alliances traditionnelles et légitimes mais offert à Vladimir Poutine l’énorme avantage d’un soutien rompant sans équivoque l’équilibre entre les parties au point que sur Soumy il s’est contenté de déplorer sans incriminer la Russie, ce qui est tout de même hallucinant. Contrairement au président Macron qui a protesté comme il convenait.
On peut craindre le futur avec la psychologie si singulière de ce président américain qui n’a pas suffisamment de constance pour supporter durablement les obstacles que le réel et les hommes en cause opposent à ses promesses de Matamore.
Avec le risque en effet que « sur Trump et l’Ukraine, la lassitude guette » – comme l’écrit Le Parisien – et qu’en conséquence Poutine puisse continuer à s’abandonner à des massacres sans limite tandis que Zelensky fatiguera avec ces incessantes exigences d’armement trop chichement satisfaites. Comme l’a déclaré Bernard-Henri Lévy, Soumy est « un Guernica ukrainien » mais surtout « le massacre de trop » (Le Parisien, toujours). Quand jugera-t-on que c’est assez concéder à ce tueur en liberté ?
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