Les musées imaginaires
Dans "Mauvais genre au musée", Didier Rykner dévoile comment les plus grands musées du monde sont gangrenés par le wokisme. De la réécriture de l'histoire de l'art à l'effacement pur et simple, tous les coups sont permis... L’article Les musées imaginaires est apparu en premier sur Causeur.

Dans Mauvais genre au musée, Didier Rykner dévoile comment les plus grands musées du monde sont gangrenés par le wokisme. De la réécriture de l’histoire de l’art à l’effacement pur et simple, tous les coups sont permis.

Le wokisme n’est pas près de reculer, du moins pas dans le monde de l’art. C’est ce que démontre Didier Rykner dans Mauvais genre au musée, un tour du monde de ces institutions emportées par une vague où, comme dans les universités et dans la vie politique, l’idéologisme le dispute au totalitarisme. Et les établissements français ne sont pas les moins à la dérive.
Le musée doit être un acte résistant
Rykner connaît son sujet : le fondateur de La Tribune de l’art écume les expositions, épluche les catalogues et côtoie les directeurs, commissaires et marchands tout au long de l’année. Son constat est clair : « le wokisme s’insinue partout, dans l’enseignement de l’histoire de l’art, dans les musées, dans les institutions patrimoniales », et dévoie précisément les musées de leur mission première telle que l’a définie le Conseil international des musées (ICOM) en 2007 : « Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » Depuis, l’ICOM a truffé sa définition d’« inclusif » et de « diversité », de « polyphonie » et de « dialogue », de « communautés » et d’« égalité des droits », de « justice sociale » et de « bien-être planétaire »… Oublions la délectation. Le musée doit être, en tant que tel, un acte résistant, voire révolutionnaire.
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Afin d’accrocher l’idéologie néoféministe aux cimaises, on se scandalise de la sous-représentation des artistes femmes – c’est que, pour déplorable que ce soit, il n’y en a pas eu une foultitude jusqu’au XXe. Pour réparer cette calamité historique, on lance une nouvelle politique d’acquisitions privilégiant uniquement le sexe de l’auteur (autrice ?) au détriment de son talent. Les prix s’envolent et les collections ne s’en voient pas forcément enrichies. Ne raillons pas les Américains : « Joconde », la base de données nationale des collections des musées de France permet de faire des recherches par « genre ».
Les musées aux mains du wokisme
L’enquête de Didier Rykner démontre que les « éveillés » qui peuplent le monde feutré des musées peuvent être aussi violents que les cheveux bleus qui occupent nos campus. La politesse en plus, ils assassinent socialement les gêneurs et les opposants, les poussent à la démission ou à la repentance publique. La crainte est telle que la plupart des conservateurs approchés par le journaliste ont accepté de témoigner, mais sous couvert d’anonymat. Parce qu’il est désormais conservateur indépendant, George Goldner, ancien directeur du département des arts graphiques du Metropolitan Museum, a donné son nom. Il ne mâche pas ses mots pour dénoncer la nomination strictement idéologique de nombreux directeurs, et directrices, à la tête de grandes institutions américaines.
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Il nous arrive souvent, dans Causeur, de rire (jaune) des cartels décolonialistes ou dégenrés des expos des musées du Louvre, d’Orsay et du Luxembourg. Mais en nous présentant le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers, l’Art Gallery de Manchester et le musée Gadagne de Lyon, Didier Rykner dévoile la nouvelle arme du wokisme muséal : le vide. Vide pédagogique, lorsque l’explication d’un tableau se résume à des commentaires d’enfants diffusés par des bornes audios ; vide abyssal, quand la plupart des collections ayant été séquestrées dans les réserves, il est offert à la « délectation » des visiteurs des projections vidéo dans des salles nues.
Didier Rykner, Mauvais genre au musée, Les Belles Lettres, 2025, 320 p.
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