Les dessins joailliers, trésor caché du Petit Palais
La formidable et fragile collection de dessins de bijoux du Musée du Petit Palais est exposée pour la toute première fois. Et on y découvre les plus grands noms de la joaillerie... L’article Les dessins joailliers, trésor caché du Petit Palais est apparu en premier sur Causeur.

La formidable et fragile collection de dessins de bijoux du Musée du Petit Palais est exposée pour la toute première fois. Et on y découvre les plus grands noms de la joaillerie.
Ce ne sont pas que des dessins de bijoux, d’ailleurs souvent présentés avec les joyaux pour lesquels ils ont servis de modèles. Mais bien des œuvres d’art à part entière, dessinées avec un raffinement, une élégance, une science, un réalisme époustouflants. Et qui sont parfois plus spectaculaires encore que leurs incarnations en pierres précieuses, perles, or et émaux.
Ils ont été pensés, couchés sur du papier translucide à l’échelle 1, c’est-à-dire grandeur nature, colorés à la gouache, mis en relief avec un savoir-faire éblouissant par des artistes engagés par les plus grands joailliers d’une période de création qui s’étend sur un siècle, du règne de Napoléon III à l’immédiat après-guerre, des années 1850 aux années 1950.
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Papillons fabuleux d’émaux et de diamants
Les plus beaux de ces joyaux ont été conçus dans l’esprit Art Nouveau ou Art Déco. Mais aussi dans ce style Néo Renaissance prisé dans la seconde moitié du XXe siècle. Ou dans un genre XVIIIe très en vogue sous le Second Empire.
Et un seul bijou peut constituer tout un monde à explorer…
Crayon graphite et gouache sur papier (fac-similé), 32,9 × 25,5 cm.
Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum, Museum purchase
through gift of Mrs. Gustav E. Kissel.
© Smithsonian Institution / Photo Matt Flynn
On s’y noie avec cette « Naïade » d’or, d’écaille et d’émail ou ces « Cygnes et nénuphars » voguant sur un peigne d’ivoire (Eugène Grasset pour Vever Frères).
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On s’y égare dans un jardin enchanté, comme avec ce nécessaire du soir dessiné pour la maison Boucheron où papillons fabuleux et insectes fantasmés, en émaux et diamants, se perdent dans une végétation d’or pur. Ou avec ce collier réalisé par le joaillier Georges Fouquet à partir d’un dessin de Charles Desrosiers et représentant des fleurs de fuchsias, tout en diamants, perles et émaux, destinées à tomber en cascade sur la gorge d’une élégante.
Crayon graphite, encre et gouache au recto, encre et gouache au verso sur
papier vélin translucide, 14,8 × 21,9 cm.
Boucheron Paris. Modèles déposés.
Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Achat sur les arrérages du legs Dutuit, 2002.
(c) Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Or, émaux à jour sur paillons, diamants, perles et opales. 23 × 13 cm.
Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Achat à Georges Fouquet, 1937.
© ADAGP, Paris, 2025, Georges Fouquet – Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts
de la Ville de Paris.
Ou encore avec le dessin de cette broche imaginée sous le Second Empire pour le joaillier Léon Rouvenat où fleurs et graminées s’abandonnent en une pluie de perles et de diamants.
Crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier vélin translucide, 16,3 × 10,8 cm.
Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Don Marc Bascou, 2018.
(C) Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
De l’Égypte à la Chine
Les sources d’inspiration foisonnent : la nature, donc la végétation, l’eau ou les figures animales, mais aussi l’architecture, la géométrie, l’histoire, l’Egypte antique, le Japon, la Chine, le siècle de Louis XV… tout a été sujet à création. Et les plus grands noms de la joaillerie s’engouffrent dans cette cohorte prestigieuse : Rouvenat, Boucheron, Cartier, Fannière, Deraisme, Lalique, Vever, Fouquet… Beaucoup étant apparus sous le Second Empire qui fut l’une des périodes les plus fastueuses de l’histoire de la France.
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Une collection exceptionnelle
La collection de dessins de bijoux que recèle le Petit Palais s’élève à plus de cinq mille cinq cents exemplaires. C’est un trésor qui ne s’est réellement constitué qu’à l’extrême fin du XXe siècle, dès 1998, mais dont certaines pièces dormaient depuis longtemps dans les réserves du musée en compagnie de fastueux bijoux déposés dès la création de ce dernier en 1902.
On les expose donc avec, en regard, leur accomplissement d’or et de pierreries, mais aussi en évoquant le parcours fascinant qui conduit le joyau de son esquisse à sa réalisation. De la chrysalide au papillon.

Dessins de bijoux : les secrets de la création
Exposition au Petit Palais, Paris. Du mardi au dimanche, de 10h à 18h et jusqu’à 20H les vendredis et samedis. Jusqu’au 20 juillet 2025. 14 €
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