Gang bang theory
Dans un immeuble chic du 15ᵉ arrondissement, un organisateur de soirées libertines envisage plus de participants. Mairie et voisins crient au scandale. La préfecture tente de freiner l’orgie, mais la loi n’interdit pas les plaisirs privés… La police du fantasme est dépêchée sur les lieux... L’article Gang bang theory est apparu en premier sur Causeur.

Dans un immeuble chic du 15ᵉ arrondissement, un organisateur de soirées libertines envisage plus de participants. Mairie et voisins crient au scandale. La préfecture tente de freiner l’orgie, mais la loi n’interdit pas les plaisirs privés… La police du fantasme est dépêchée sur les lieux.
Des soirées libertines parisiennes sont dans le collimateur de la mairie et des voisins. Cela se passe à Paris XVe, dans une résidence ordinaire, plutôt cossue. Au sous-sol, on trouve des locaux commerciaux où un mystérieux Z organise des soirées gang-bangs ce qui signifie, explique pudiquement Le Parisien, qu’une femme est placée au centre des attentions de plusieurs hommes1. Les hommes payent 80 euros, et peuvent être 20 maximum. La femme, évidemment consentante, n’est pas rémunérée (il n’y a donc pas de prostitution ni de proxénétisme). Ce sont des jeux sexuels entre adultes. Il n’y a rien d’illégal. Et pourtant, tout le monde voudrait les voir décamper. Mairie, Préfecture, riverains… Z affirme être très attentif à ne pas troubler le voisinage. Il donne rendez-vous à un pâté de maisons. «Ne venez jamais rôder en avance, faire les 100 pas ou attendre devant l’immeuble».
Du reste, la Préfecture verbalise les « stagnations dans le hall » et mène des contrôles ciblés d’infractions sur les stupéfiants. «En cas d’infraction avérée, une fermeture de l’établissement sera demandée», déclare une source préfectorale. Bref, Z est attendu au tournant.
Ne peut-on pas comprendre les riverains, non ?
S’il s’agissait d’une salle de sport avec bien plus d’allées et venues, cela ne gênerait personne. Mais il s’agit de morale. « Préfecture et mairie sont désemparées face à cette activité malsaine », lit-on dans l’article. Pareil pour les riverains, farouchement opposés à ces pratiques «dégradantes» et «moralement difficilement acceptables». Chacun semble se sentir autorisé à juger la sexualité de ses contemporains. «Maintenant quand ils nous croisent, ils baissent les yeux. Mais ça reste dérangeant. Les hommes qui participent à ces gang bangs ont le fantasme du viol collectif », déclare un couple de riverains. Nous y sommes. Le fantasme du viol (partagé par pas mal d’adultes selon nombre d’enquêtes, y compris chez les femmes) est un crime contre la morale.
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Le maire LR du XVe Philippe Goujon, qui promet de tout faire pour faire cesser ces cochonneries, déclare: « Après le procès de Mazan, on ne peut plus voir des choses comme ça ». Adorno disait qu’après Auschwitz on ne peut plus faire de poésie et le maire du XV nous apprend qu’après Mazan, finie la gaudriole ! Désormais, les seuls rapports sexuels autorisés, c’est papa dans maman le samedi soir. Et dans une position convenable svp.
Je rigole, mais j’enrage qu’on instrumentalise en permanence les femmes violentées, agressées ou violées pour réprimer une sexualité peut-être non-conventionnelle mais parfaitement légale et qui ne fait de mal à personne.
Ce puritanisme – cette pudibonderie même – n’ont rien à voir avec l’égalité ni avec la protection des femmes. Derrière ce cirque de dames patronnesses, il y a une haine de la liberté et surtout de la sexualité. Not in my name !
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy au micro de Jean-Jacques Bourdin dans la matinale
- https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-les-soirees-gang-bangs-du-xve-pourraient-bientot-accueillir-plus-de-monde-au-grand-dam-des-riverains-08-02-2025-OIKTDUKXLBDZBP42NIDEUBBTW4.php
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